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PREMIERE TENTATIVE DE SURVOL DU MASSIF DU MONT BLANC

1992

Décollage à huit heures du matin. Ciel dégagé, petit vent du nord qui forcira sûrement dans la journée. Au bout de deux heures de vol, je dois me poser pour deux raisons : la première est qu’il faut ravitailler et la seconde est une envie pressante due aux cafés ingurgités…Je dois escalader le grillage délimitant l’autoroute 31 (entre Langres et Dijon) pour rejoindre la station service. L’herbe du champ où je me suis posé est tellement haute qu’en redécoller est risqué, je pousse l’ULM jusqu’à une bretelle d’accès utilisée par les services autoroutiers. Aussitôt la manœuvre terminée une voiture de la gendarmerie se pointe… Les deux gendarmes me demandent quelles sont mes intentions : est-ce que j’ai l’air d’aller faire de la plongée sous-marine ? Lorsqu’ils apprennent que je ne vais pas tarder à décoller le chef me dit qu’il est formellement interdit de survoler l’autoroute. Ouf, ils ne sont pas au courant que je n’ai rien à faire ici, en effet mon atterrissage peut être considéré comme une infraction. Je continue (en suivant forcément l’autoroute) jusqu’à Tournus où je me pose. Il n’est pas tout à fait midi. Grâce à ce vent du nord favorable, ma vitesse est nettement améliorée. Je mets le cap sur Bellegarde via Nantua. Je vole dans une large vallée, au-détour d’une montagne je me retrouve nez à nez avec une ligne à haute tension. Passer en-dessous est trop dangereux, j’accélère et passe au-dessus sans problème. Escale essence au supermarché de Bellegarde comme convenu, où un pilote avion m’y emmène. Je mérite bien un petit repos au bar de l’aéro-club. Accoudé au comptoir se trouve le président du club ULM accompagné par un de ses membre. Le président daigne répondre à mon bonjour, ensuite avec un air hautain pour camoufler son air con il me demande où je compte aller. Quand je lui réponds Sallanches il me rétorque catégoriquement que c’est formellement interdit à tous les ULM… J’entends encore son collègue murmurer (trop fort) « pourtant c’est une de nos ballades habituelles ». C’est avec un plaisir sadique que ce président de mes deux téléphone illico à l’aérodrome de Sallanches. Ceci bien-sur dans le but de m’y interdire l’accès. Les cons n’est pas encore hélas une espèce en voie de disparition. Tant-pis je pars quand même, je me poserai sur l’alti-surface de Mayère qui se trouve loin d’un centre ville mais qui est un remarquable balcon sur le Massif du Mont-Blanc. Peut-être qu’à cause de la fatigue conjuguée avec le stress causé par « l’autre connard » je suis impressionné par les turbulences. Je décide de faire demi-tour sur Bellegarde après 20 minutes de vol. J’y évite le club-house et mon copain, et je prends la direction du centre ville histoire de me détendre un peu. Un sandwich avec un peu de repos me font le plus grand bien.

Nouvel essai, cette fois-ci j’ai dépassé l’endroit où j’ai coincé tout à l’heure. J’aperçois Genève et le lac Léman sur ma gauche, à l’horizon de hauts massifs enneigés. J’ai la désagréable sensation que l’air est instable. Maintenant j’essaie de traverser une zone où les turbulences sont de plus en plus sévères, une plus méchante que les autres me fait faire demi-tour en une fraction de seconde. Depuis que je vole je n’ai jamais fait un demi-tour aussi rapide ! Je décide de grimper pour voir si l’air est plus calme là-haut : de plein fouet je prends la même claque en couleur. J’imagine ce vent en haute montagne. J’abandonne pour cette fois-ci mais je me promets pour une autre fois une nouvelle tentative en y consacrant plus de temps. Se payer le Mont-Blanc avec un pendulaire 503 de 50 chevaux se mérite et ne ce fait pas à la va-vite, patience, patience…

Ma conclusion : mettez vous à la place d’une chaussette dans une lessiveuse en position essorage, ici l’expression « MOBILIS IN MOBILI » prend toute son ampleur (mobile dans l’élément mobile).

DEUXIEME TENTATIVE JUILLET 1993

Jeudi 08

Je passe la matinée à préparer mon appareil. J’ai démonté le carénage pour gratter quelques kilos. A la place du passager je ficelle comme je peux deux bidons supplémentaires pour l’essence et un sac d’affaire personnelle. Le départ est prévu pour demain. La météo diffusée le midi me fait changer d’avis. Un front orageux est annoncé pour la fin de la semaine. J’avance mon départ et décolle aujourd’hui à 13h30. J’atterris à Bar-Le Duc une heure après, l’heure suivante c’est une escale à Langres. Je poursuis jusque Gray où il n’y a plus d’essence sur l’aérodrome. Tant-pis peut-être qu’ Arbois je trouverai mon bonheur. Une fois arrivé à la verticale du terrain je repère une station service pas trop loin.

L’accueil est plutôt froid. Terrain à usage restreint réservé à une élite qui a les moyens de pratiquer le planeur et surtout interdit aux ULM. Donc je ne suis pas le bienvenu, je ne demande même pas si je peux acheter de l’essence et prends la direction de la station service repérée avec mon bidon sous le bras. Une rivière invisible depuis là-haut me rallonge la distance à parcourir, trois kilomètre aller/retour. Rien ne me retient plus longtemps et je redécolle pour Champagnole puis Oyonnax où j’atterris à 20h00. La visibilité s’est réduite à cause d’une brume qui a fait son apparition. Un pilote basé ici vient de se poser. Il a déjà survolé le Mont-Blanc et il me conseille de me poser à Sallanches sans demander d’autorisation plutôt que l’altiport de Megève trop isolé. Un autre pilote me laisse les clés du hangar où je passe la nuit. Je m’aperçois très vite que mon matelas pneumatique est crevé…

Vendredi 09

Il est 5 heure, Paris s’éveille, j’ai du le devancer. Mon hôtel ou plutôt mon hangar se trouve à proximité d’une route à forte circulation la nuit fut agitée. Je décolle à 06h00, à Bellegarde je remplis au maximum le réservoir puis je mets le cap sur la Haute-Savoie et Sallanches. Je passe au sud du Mont-Salève pour m’écarter de l’aéroport de Genève et pour éviter aussi les parapentistes qui s’agglutinent sur l’autre versant. Je passe à la verticale de La Roche / Foron, la chaîne du Bargy puis des Aravis. Atterrissage sur l’alti-surface de St Roch pour sortir du fond de mon sac l’appareil photo. Après quelques clichés je me pose sur le terrain de Sallanches, il est encore tôt et il n’y a personne. Je vais prendre un solide petit déjeuner en ville puis retour à l’aérodrome où maintenant il y a du monde. Je dois payer une taxe d’atterrissage (comme le fait un Airbus à Roissy), première surprise ! Ensuite on me force à déguerpir au plus vite. Le président de l’aéro-club devient fou à la vue d’un ULM… Je téléphone à St Roch où maintenant y atterrir relève de l’acrobatie, en effet il est déjà 10h00 passée et la brise de pente s’est levée. Finalement j’atterris dans la plaine de Domancy où un ulmiste s’est installé pour emmener les touristes en baptême. Manuel me présente au propriétaire du champ aménagé en piste de fortune grâce à une manche à air. Monsieur FIVEL Maurice m’accepte sans problème. Stéphane (mon cousin) qui habite à la Roche / Foron vient me récupérer.

Samedi 10 et dimanche 11

Les prévisions météo sont justes, dehors c’est le déluge. Je passe le week-end à l’abri chez Stéphane.

Lundi 12

La météo n’est pas fameuse, il neige à partir de 1600 mètres, le vent est d’Ouest Nord/Ouest, il souffle à 60 km/h à 3000 mètres et 100 km/h à 4000 mètres. Une amélioration est prévue pour la fin de la semaine.

Mardi 13

En fin d’après-midi Stéphane me reconduit à Domancy. Une épaisseur de neige a fait son apparition sur les Aravis. Une fois l’appareil monté j’emmène avec plaisir Maurice, une fois en l’air il m’indique les endroits qu’il veut survoler. A cause de l’altitude et du froid mon appareil photo donne des signes de faiblesse. Même avec des piles neuves il faudra que je le camoufle sous la combinaison. Ce sont ces moments que je préfère : partager le vol avec quelqu’un de vraiment intéressé.

Mercerdi 14

Pour la dernière fois je l’espère Stéphane me reconduit à coté du lac de Passy. Les nuages sont accrochés sur les hauts reliefs. En début de soirée je peux admirer les feux d’artifice de St Gervais. La pluie revient quand je me couche à la belle étoile dans mon duvet. A 22h00 j’ai droit à la visite surprise de Maurice, il voulait montrer l’ULM à sa femme. Il m’offrira spontanément les clés du chalet transformé en grange. Avant de s’en aller Maurice sort d’une vieille armoire une bouteille de whisky, apparemment elle était planquée-là sans que sa femme soit au courant… Nous trinquons ensemble un 14 juillet au fin fond d’une grange presque abandonnée ! Merci Maurice pour ta gentillesse.

Jeudi 15

La météo de Chamonix annonce un vent du Sud-ouest de 50 km/h à 4000 mètres, ça ne m’inspire pas plus que ça. A 08h00 je me lève, un petit lenticulaire c’est formé sur le toit de l’Europe. Il est 09h30 quand je décolle pour tâter le terrain. Le lenticulaire (nuage qui annonce du vent violent en altitude) a gonflé depuis tout à l’heure. Sans altimètre je surestime mon altitude à cause d’un effet optique, on appelle ça le mirage des montagnes : après 45 minutes de montée continue au-dessus de St Gervais je crois n’être plus très loin des 4808 mètres. Mais une fois que je me suis rapproché du sommet j’ai la désagréable surprise de me retrouver seulement sous le niveau de l’Aiguille du Midi. Je prends quelques photos, découragé par mon taux de monté poussif, par quelques turbulences et par les nuages de plus en plus gros et nombreux, je redescends rageant contre ces mauvaises conditions. Altitude maxi estimée à 3500 mètres : c’est loin d’être gagné ! Dans la soirée j’emmène à tour de rôle Stéphane et Rébecca sur l’alti-surface de Mayère au milieu des gentianes.

Vendredi 16

Aujourd’hui Manu veut m’accompagner pour une tentative. Lever à 06h30, je jette aussitôt un œil sur le massif. Cette fois-ci il est complètement caché par les nuages, déçu je me recouche. Manu passe à 08h00, lui aussi pense que ce n’est pas encore pour aujourd’hui. A 08h30 je décolle seul sans avoir l’intention d’aller vers la haute montagne. Direction le Mont-Joly, la chaîne de Contamines, Montjoie. Je suis à l’aplomb de l’aiguille Croche puis le lac de la Girotte. Retour vers la chaîne des Aravis. C’est à ce moment-là que le sommet du Mont-Blanc décide de se découvrir de ses nuages, il me reste 15 litres de carburant, c’est plus fort que moi il faut que je retente le coup. Je me retrouve légèrement au-dessus du niveau de l’aiguille du midi soit 4000 mètres. Le sommet resplendit sous le soleil, c’est vraiment tentant. La raison me fait reculer, je n’ose plus m’approcher davantage peur d’être piégé, ma hauteur est trop limite pour tenter de m’engager vers la vallée blanche ou vers les grandes Jorasses. Ce n’est que pendant la longue descente que je ressens le froid, une fois au sol j’en suis encore tout engourdi pendant un long moment. De nouveau un lenticulaire se reforme là-haut, le sommet est resté dégagé une ½ heure avec certainement un vent soutenu. L’après-midi accompagné par Manu j’aide Maurice à faire les foins, c’est ce que nous avons de mieux à faire.

Samedi 17

Départ pour Douzy à 09h00. J’aperçois à la fois le lac Léman et celui d’Annecy. Je me repose à Oyonnax où je retrouve le pilote avion sympa. Il me demande si ça ne secoue pas trop derrière Bellegarde, c’est à cet endroit que l’année dernière je suis passé à la lessiveuse…

Arrivée à Douzy, il est 17h00.

AOUT 1995

On dit souvent que ceux qui montent les montagnes font des actes gratuits. Là-haut règne l’immense calme des déserts d’accès difficile. Là-haut presque personne ne va et c’est ainsi depuis l’aube des temps.

Le Massif du Mont-Blanc est un endroit et cet endroit a fondé une école de vie, bien résumée dans les règles écrites ou non de l’Alpinisme. Ces règles disent que l’homme n’est jamais aussi grand que lorsqu’il est modeste face à la nature.

La règle de base ici c’est la prudence. Mais si l’on est trop prudent on ne fait plus rien. Alors il faut tempérer la prudence et accepter doser et s’engager physiquement si l’on veut se mesurer à la Montagne. Ne jamais accepter l’excès de confiance.

Eprouver les sensations connues de la poignée d’humain à s’être aventurée sur un autre monde, telle est la puissance du vol en très haute montagne.

Ce n’est pas une ballade que je vais entreprendre. C’est un voyage un vrai voyage au sens initiatique du terme.

Et il faut se méfier de telle journée car elle vous change votre vision du monde. Et l’on aura peut-être un peu de mal ensuite à retrouver ses marques, mais le risque doit être pris.

Monter caresser les montagnes c’est irrationnel et donc pour certains inutile. L’ennui c’est que l’équation du bonheur est construite justement sur l’inutile.

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Et j’en connais qui ont longuement et durement gravit la Montagne, s’écorchant aux genoux et aux paumes, s’usant dans leur ascension, pour gagner avant l’aube la cime et s’abreuver de la profondeur de la plaine bleue encore, comme l’on cherche l’eau d’un lac pour y boire. Et ils s’asseyent et ils regardent une fois là, et ils respirent. Et le cœur leur bat joyeusement et ils trouvent un remède souverain à leurs dégoûts.

Antoine de Saint-Exupéry

J’ai décidé de retenter de passer le Mont-Blanc quand en début d’année pendant le rallye des Pyrénées je passais avec Marc DROULOT (un collègue de travail), minimum 90 Kilos, le pic du Midi à plus de 3000 mètres.

Suite à mes précédentes expériences je dois pour y parvenir modifier le réglage de la carburation de mon moteur, pour compenser la faible densité de l’air qui règne à 5000 mètres : j’espère que des gicleurs de 148 (-10 points) feront l’affaire.

Mercredi 09 août 1995

Rien à signaler sauf que …

Un avion de chasse me rase les moustaches en me passant devant et légèrement au-dessus. Je vole très bas et suis sous la R45, espace aérien réservé aux militaires. J’ai bien eu le temps de voir le cockpit puisqu’à ce moment le pilote a effectué un demi-tonneau et s’est retrouvé en vol dos. Etait-ce un signe amical, ou au contraire un signe de mécontentement ? Je n’avais pas besoin de ça pour faire monter la pression que je m’étais imposé depuis plusieurs jours.

Après un départ à 08h30 de Douzy avec un ciel bleu je retrouve le reste de la perturbation annoncée par la météo à partir de Gray. A cause du sol qui remonte le plafond se retrouve de plus en plus bas, jusqu’à me bloquer à Oyonnax. Le ciel semble vouloir s’éclaircir et je tente en vain de rejoindre Bellegarde par la vallée de Nantua. Demi-tour pour s’abriter sous l’aile car il commence à pleuvoir. Un ¼ d’heure plus tard le chef pilote me rejoint pour m’offrir les locaux de l’aéro-club : douche, un vrai lit, il y a même la télévision, je n’en demandais pas tant.

Jeudi 10

C’est le départ après dissipation des brumes matinales. Je passe au-dessus d’une couche nuageuse morcelée, on y distingue très bien le sol à travers les nombreuses trouées. D’ici je distingue facilement l’aiguille du Midi, le Tacul, le Maudit et le Mont-Blanc. Le massif ne paraît pas trop éloigné pourtant 80 km m’en sépare. Je laisse Bellegarde derrière moi mais depuis un moment la couche nuageuse que je survole se referme de plus en plus. La prudence me fait faire demi-tour pour me poser à nouveau à Bellegarde. Il faut savoir être patient… Survoler les nuages sans avoir en vue le sol est déconseillé en cas de panne moteur. Après un café et un coup de fil au chalet de Mayères qui m’annonce le grand beau je redécolle. Pour éviter de me retrouver piégé au-dessus des nuages je décide de rester en dessous jusqu’au Salève, à partir d’ici je peux sans risque passer au-dessus. Je vise la Pointe Percée qui culmine à 2752 mètres, je sais que derrière se trouve l’alti-surface et son magnifique balcon avec vue sur le massif. Après m’être posé je pars acheter de quoi manger à Sallanches : 4 heures de marche pour effectuer l’aller-retour ce qui m’occupe une bonne partie de la journée. Le soir j’effectue au sol des essais moteur avec les nouveaux gicleurs : la couleur des bougies me paraît correcte, c’est plutôt rassurant après un appauvrissement aléatoire du mélange air/essence.

Vendredi 11

Il a plut pratiquement toute la journée. Il est temps que cela s’arrête car je dois commencer à écoper l’intérieur de ma tente. La météo annonce du mieux à partir de lundi. Un autre aller-retour jusque Sallanches m’occupe la demi-journée.

Samedi 12

Aucune évolution flagrante de la météo. Les randonneurs observent curieusement mon ULM. Ce soir un Tétra s’est posé, il vient de Bar-le-Duc. Nous dînons ensemble au chalet. La passagère reconnait mon ULM, en effet j’ai dut passer au-dessus de leur maison quand je suis descendu.

Dimanche 13

Toujours le même temps, il ne devrait s’améliorer qu’à partir de mardi maintenant. Demain des orages devraient éclater. Le moral pourrait être meilleur.

Lundi 14

Les meusiens sont partis hier soir. Ce matin en descendant sur Sallanches j’ai pu voir pendant deux petites heures le sommet. Ce soir j’essaie en vol le moteur. Ca commence bien, je n’ai pas vu un avion au loin qui se présentait en longue finale pour se poser. Petit signe d’excuse au pilote puis je vise la verticale du terrain de Sallanches au cas où mon moteur me lâcherait. D’ailleurs je sens bien qu’il n’est pas au mieux de sa forme, il me le fait savoir par des ratés. A cette altitude de 1600 mètres il n’apprécie pas les gicleurs. Une fois à 2500 mètres il fonctionne impeccablement. Atterrissage sur l’alti-surface avec à nouveau un moteur récalcitrant. Après vérification je constate que la couleur des bougies s’est éclaircie. D’après la météo demain il fera grand beau. Pour aujourd’hui le baromètre ou plutôt mon altimètre joue au yo-yo, cela est dut à une succession de cunimb.

Mardi 15

Réveil à 06h30, impatient je me lève à 07h00. Je prends un petit déjeuner sur le pouce, on m’avait fournis des rations militaires (périmées). Tout le massif est dégagé, par contre la plaine est noyée sous la brume, le vent est nul. A 08h00 je me retrouve à mon tour dans la brume, c’est à partir de 10h00 que je distingue un premier halo, ça ne devrait pas tarder. Après plusieurs allers/retour sur la piste pour me faire patienter je commence à m’équiper. Deux paires de sous-gant plus une légère en cuir par-dessus, déguisé ainsi j’espère pouvoir manipuler l’appareil photo et supporter les moins 15 degrés annoncés par la météo de Chamonix. Je ficelle avec du ruban adhésif les extrémités de ma combinaison pour empêcher l’air de s’y engouffrer. Il est 10h30 quand je décolle, je dois viser une trouée parmi les derniers nuages qui se trouvent sur la trajectoire du décollage. Dès que j’atteints les aiguilles de Varan à pratiquement 3000 mètres je ne crains plus des ennuis moteur. Maintenant direction le massif avec le moteur à fond. A mi-chemin je sens que le moteur ne faiblit pas et mon taux de monter reste correcte. C’est ici que mes derniers doutes et interrogations ont disparu. Un peu plus tard je passe à coté du refuge du Goûter où j’aperçois des cordées qui se préparent. Un seul 360° au-dessus du dôme du Goûter suffit pour atteindre les 5000 mètres tant convoités. Il m’a fallu une bonne ½ heure pour arriver jusqu’ici soit un peu moins de 0,5 mètre/seconde en taux de monter. Sur la trace entre le refuge et le sommet les cordées s’arrêtent pour m’observer. Au sommet on répond à mon salut. Je passe par-dessus pour en effectuer le tour. J’ose à peine m’aventurer plus loin pour me rapprocher des Grandes Jorasses, la Dent du Géant et de la Verte. Un petit tour sur le début de la Vallée Blanche puis retour sur le Mont-Blanc. Dommage il n’y a que l’appareil photo jetable qui fonctionne. Ce n’est que durant la descente que je ressens des pincements au bout des doigts. J’atterris à Mayère entre les nuages qui sont restés accrochés en moyenne montagne, une sensation magique s’empare de moi : je l’ai fait !!!

Mercredi 16

Il fait beau mais un vent violent souffle à nouveau en altitude, je survole la chaîne des Aravis. Dans la soirée j’effectue quelques baptêmes à des randonneurs.

Jeudi 17

Retour à Douzy toujours avec ce maudit vent de la veille qui me ralentit. J’imagine ce que ça doit être là-haut à 5000 mètres.

AOUT 2004

Pour la deuxième fois le 28 août 2004 je survole le Mont-Blanc avec un appareil photo numérique. C’est grâce à la fiabilité des prévisions météo que je pars un vendredi pour me retrouver à 5000 mètres le samedi puis être de retour à Douzy le dimanche. Un week-end pas ordinaire, comme je les aime.